Catherine Ysmal

Écrivain
24 jeudi novembre 2022

Eve et l’ange, Thomas Pourchayre, Editions Abstractions, 2022

eve

« Elle s’accroche

dégrafe son ombre d’un seul élan

et s’arrête là

stupéfaite

pourtant pas du genre

à s’extasier sur des détails… »

 

Dans le train hier, 23 novembre 2022, avec « Eve et l’ange » de Thomas Pourchayre, éditions Abstractions, avalé une fois, lu une deuxième fois, à la troisième lecture secouée de rire puis stoppée net devant la beauté de certaines images (oui, vraiment, vraiment) presqu’émue ou tout à fait, j’ai écrasé une petite larme p. x — je ne dirai pas laquelle — avant de revenir aux passages que j’avais soulignés…

« (…) comme on entre attendu parfois grandi

comme on grandit parfois

il faut grandir autant que se durcir (…) »

Ce texte débute comme une petite histoire en bien plus aboutie évidemment qu’on se raconte à soi (ou à son amoureux-se) pour passer le temps, pour jouer, pour rire.  Une histoire avec des incises, des digressions, des proverbes, des expressions, des jeux sur la langue, des détournements… L’histoire de la rencontre d’une fille et d’un ange, celle d’un ange qui se découvre et vient.

C’est moqueur, joyeux, obstinément humain, tendre mais jamais terre-à-terre ; dn plus, si l’on n’y parle pas de lapin, on y voit une libellule. La classe !

« (…) deux auréoles chocolat s’agitent tellement

en colère

qu’ils ridiculisent la joie

par leur grâce trépidante (…) »

Pour acheter le livre et découvrir le catalogue des Editions Abstractions, c’est ici : Editions Abstractions

Pour suivre l’actualité littéraire de l’auteur, c’est là : Thomas Pourchayre

12 dimanche mai 2019

A vous tous, je rends la couronne, Catherine Ysmal, Quidam Editeur lu par Emplumeor, janvier 2017

(…)

Ce cri de rage-libération, je le place dans cette catégorie des textes poétiques qui s’adressent davantage au coeur et aux tripes qu’à la tête, comme « Désirée » (Frering) ou « Un long silence de carnaval » (Duplan). Ces textes qui inventent une langue, détournent les mots, les agencent de façon étrange quitte à (ou histoire de) perturber nos habitudes langagières et notre chère rationa/réa-lité.
J’ai lu et relu « À vous tous, je rends la couronne », j’ai senti du désespoir et de la rage m’envahir. Je n’ai sûrement pas tout compris et peu m’importe car je pense avoir intégré physiquement et émotionnellement cette tension du narrateur entre son passé, les mots – jusqu’à son prénom – qui l’ont conditionné et ce qu’il se sent être et ne pas être depuis toujours.
Il y a de l’intensité, de la force dans ce livre qui cherche à ré-inventer la langue pour permettre une renaissance.
Il y eut des serrements du coeur, de la gorge… presque des larmes…
Il y a ensuite ce cheminement-questionnement interne sur mon propre emprisonnement (répéter), sur ce besoin de silence qui lui fait face (me taire), sur cette recherche d’une autre langue… essentielle et libératrice (inventer ?) …
Peut-on espérer mieux d’un livre ?

 

Alix Geysels a lu A vous tous, je rends la couronne

24 mercredi avril 2019

Diacritik, Hans Limon a lu « A vous tous, je rends la couronne », Catherine Ysmal, Quidam Editeur, 2014

« Vous comprenez désormais pourquoi, vous les prétendus sains d’esprit, pourquoi j’aime tant cette logorrhée concise : la fougue et le démembrement. Bret Easton est lisse et Catherine est dark. J’évoquais la folie, du moins je le crois. On ne devrait jamais l’évoquer sans l’avoir sentie vibrer de l’intérieur, la bête, entre le Moi et le Ça, ni sans avoir porté sur la peau, les cheveux, les cauchemars, trois semaines durant, l’odeur de vomi d’un patient schizophrène. Faites-moi confiance. On sent très facilement celui qui n’a jamais senti. D’instinct Catherine a tout senti. Son rêve est d’écorcher toute langue avec son clavier, d’accrocher l’absolu par ses plus infimes sublimités. Mieux : de fracasser les couleurs pour mieux les recomposer, façon Bacon. C’est ce qu’on appelle avoir du style. Son style. »

Le lien pour lire la totalité de la chronique est ici : Malice d’Ysmal

 

12 samedi septembre 2015

écrire, dis-je

Parutions :
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 Naïma, Vassili, Johan, monographie de Jonathan Delachaux, artiste plasticien en collaboration avec Jacques Houssay (auteur), Arnaud Robert (auteur), Bernard Vienat (éditeur), Suisse, Editions Periferia, août 2015.
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 A vous tous, je rends la couronne, Quidam Editeur, Paris, mai 2014
 Critiques et recensions se trouvent sous l’onglet « Ca presse : A vous tous… »
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 Ce n’est pas une critique ! Les feuillets des cordes, à l’invitation d’Eric Piette et de Daniel Simon, Bruxelles, sept. 2013.
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 Irène, Nestor et la vérité, Quidam Editeur, Paris, mars 2013.
Les recensions et critiques principales de ce roman se trouvent sous l’onglet « Ca presse : Irène, Nestor et la vérité »
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 Bords de mondes, Martine Cornil et 29 auteurs. Editions Maelström, Bruxelles, 2012.
 Un texte, une photo.
Tunnels Tunnels, Editions Maelström, Bruxelles, décembre 2012

En un magnifique souffle de 22 pages, par l’évocation d’une rare force de ses vies au ras des pavés, le « ici » que nous donne à lire Catherine Ysmal renvoie sublimement à un partout terriblement humain. Emmanuel Requette, Ptyx librairie. Le lien pour le papier est ici : Tunnels par Ptyx

L’écriture de Catherine Ysmal est une écriture qui emporte, une écriture pleine d’inventivité et de rupture, rien d’une écriture qui enchanterait, bien au contraire une écriture qui interroge, qui ouvre et suscite mille et une résonances. A chacun les siennes, bien sûr, ce qui n’empêche pas d’apercevoir ou de s’imaginer que l’on y aperçoit, entre les lignes, l’indicible de l’auteur. Exigence Littérature (Tunnels par Exigence Littérature)

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« (…) Donc à six ans, poète… ou clown. Paris. L’école m’accorde un « peut mieux faire » que je lui rétorque volontiers, décide pour mes dix ans, à l’entrée de la sixième que je ne serai pas une manuelle mais une intellectuelle tant ma liste des verbes d’action marque plus d’audace que mon tracé d’aiguille. Agir. Joindre la pensée à l’action ou bien l’inverse ; les bahuts me transportent. Il faut se lever tôt, se coucher tôt, tracer des marges et développer une calligraphie lisible afin d’être lue.  Quinze ans : Prague. Dix-huit ans, Thomas L’Obscur de Blanchot, périples à Charleville-Mézières, petite place des Vosges, la barque de Rimbaud. Je stagne à la gare devant la statue, rêve de la pousser de son socle. Je noue bien mes lacets, marche, découvre le tramway de la côte belge un mois de février, Amsterdam, Berlin, New-York, San-Francisco. Les  vingt ans furent parisiens, chez Georges,  Chez Magne, amoureuse des garçons et de la philosophie, en même temps. Toujours, je serai plus heureuse les 18 et 28 mars. Ce sont les jours de ma Commune. Pavés. Bruxelles, comme tant d’autres… quand Paris n’offre rien de plus que des loyers exorbitants ; là il y a de l’herbe qui surgit des entailles de la pierre. Un ciel du nord. Une petite maison au fond d’une cour dans le centre ville, quartier des Marolles. Il est temps d’écrire. De la fiction, poète, poète comme à six ans. (…)»

 

12 jeudi juin 2014

Critique, « A vous tous, je rends la couronne », Catherine Ysmal, Quidam Editeur, lu par Racines, juin 2014

« (…) Loin d’être un construction purement intellectuelle, l’écriture de Catherine Ysmal a quelque chose de profondément charnel dans son appel permanent au corps. (…)

A vous tous, je rends la couronne est un chemin, un chemin vers soi par et au travers de la langue, une naissance, un jaillissement poétique. Et la confirmation du talent unique de son auteur. »

C’est ici pour le lien internet :

Chronique de Racines

6 mercredi juin 2012

Lecture de Lionel-Edouard Martin à propos de « Irène, Nestor et la vérité », extrait d’un livre à paraître chez Quidam Éditeur.

 

« Il est rare qu’une écriture narrative vous saisisse de prime abord, dès le premier regard, dès la première écoute ; encore plus rare qu’elle émane d’une inconnue et d’un de ces « premiers romans » dont le plus souvent tout est à craindre. Je me souviens et me souviendrai toujours avec la même vive émotion de mon tout premier contact sensoriel  – j’y insiste – avec cet Irène, Nestor et la vérité de Catherine Ysmal dont la revue L’Arsenal, que je dirige, a publié un long extrait : las de lecture de trop de textes convenus comme du triste hôpital et de l’encens fétide, fatigué des sempiternels affûtiaux d’une modernité forte en gueule mais courte en bouche, on ouvre soudain grands les yeux, l’oreille se dresse, le cœur palpite. Ce fut comme une apparition : parce qu’il y avait là, sous couvert d’une histoire certes bien présente et prenante, cette matière poétique, faite de rythmes et d’images – celle des plus grands –, qui avance moins délibérément dans le signifié qu’elle ne se faufile, labyrinthique, parmi les mots, sans autre fil d’Ariane que celui d’associations dont la maîtrise nous mène, nous autres lecteurs, au plus profond de nous-mêmes et de notre imaginaire, dépouillée des artifices de l’alternance éculée des descriptions et des passages narratifs et sans aucun de ces trop gros effets dont, l’âge aidant, on n’est plus la dupe si jamais on l’a été. Une matière, oui, subtilement poétique qui n’exclut pas l’âpreté dans un tissage dont le bâti demeure invisible, et qui vous habille d’une grâce au beau tombé relevant de la haute couture plus que du prêt à porter : Catherine Ysmal, son coup de patte, sa griffe. »

Lionel-Edouard Martin, auteur et directeur de publication de la Revue L’Arsenal