« C’est la classe. Une estrade et un grand tableau noir sur lequel la maîtresse a écrit une phrase de la leçon de morale que nous lisons ensemble tous les matins dès notre arrivée. Parfois debout, parfois assis. Nous avons chacun une place précise. Nous sommes répartis en fonction de nos résultats scolaires, ordonnés par rang. Nous occupons chacun un bureau pour deux, les élèves disposés en quinconce. La maîtresse nous arrange en colonnes qu’elle numérote. Sur la première rangée, la tête de classe, une fille, est installée au premier rang à côté d’une fenêtre donnant sur la rue ; la deuxième au deuxième rang est une fille, la troisième aussi, c’est moi, comme la quatrième et encore la cinquième. Le sixième, un garçon, est au premier rang de la deuxième colonne et ainsi de suite jusqu’au dernier élève – un garçon, toujours le même, qui est tout au fond de la classe dans la cinquième colonne. Les places peuvent changer. Une fois par semaine, le vendredi, il nous est demandé de compter nos bons points. Tous les quinze jours, la maîtresse distribue des billets de satisfaction aux élèves qui ont le mieux travaillé. Tous les matins nous lisons d’une même voix la leçon de morale, toutes les colonnes, tous les rangs, tous les élèves. C’est sur des cahiers estampillés au sceau de la République française que nous recopions cette phrase que nous devons apprendre par cœur. (…)
Pour lire la totalité du texte, c’est ici. Occuper sa place, La Moitié du Fourbi, Dehors, mai 2020