Extrait de la recension et lien :
« Que dire d’original sur ce grand livre, sur ce grand premier livre, qui n’ait déjà été dit par la critique (cf. entre autres Claire Laloyaux, Frédéric Fiolof, Pierre-Vincent Guitard) ? Peut-être simplement – si c’est simple – qu’il nous emporte dans un tourbillon de mots, les termes s’appelant les uns les autres :
Et cet oiseau sur mon bras, que fait-il ? C’est effrayant. Il s’écorche les pattes sur des morceaux de verre. Vert, du vert ? Les sonorités me confondent. Je perds la tête. Elle… c’est moi. Je n’ai jamais pensé cela.(p. 17)
pour se tramer dans le flux des monologues intérieurs, pour donner à découvrir des systèmes de pensées qui s’opposent, interdisant toute communication, chaque petit monde personnel se refermant comme des monades sur ses acteurs malgré le recours à une même langue – le français –, mais trompeuse (comme le disent les tenants de la linguistique pragmatique), sans autres interactions que celles d’un quotidien fait de brisures (un verre qu’on casse, un stylographe dont on émousse la plume), chaque être se recroquevillant dans son propre univers chaque jour un peu plus hermétique à autrui. Quelque chose comme des autismes qui se frôlent, des fonctionnements humains incompatibles, des replis. Un paysage de bocage et d’autarcie, des vies de subsistance, chacune dans son domaine, sans guère de partage ni d’échange. Au mieux des effleurements, mais presque toujours des juxtapositions. »